Noël est une
fête chrétienne célébrant chaque année la naissance de
Jésus de Nazareth, appelée
Nativité. À l'origine de cette fête existaient déjà sous forme de différentes fêtes païennes qui marquaient le
solstice d'hiver. Au
XXIe siècle, Noël a toutefois retrouvé un large rôle
païen. Elle est devenue une fête commerciale et un moment de l'année célébré, y compris par les non-croyants. Cette fête est associée aux cadeaux et, pour les enfants, au
Père Noël.
Noël est actuellement fixé au
25 décembre dans les calendriers
grégorien et
julien par la plupart des
Églises.
Célébration
Sa célébration à la date du
25 décembre, se situe dans le
calendrier julien pour les
Églises orthodoxes, et dans le
grégorien pour l'
église catholique et
protestante ; le jour de la saint
Emmanuel, a été fixée tardivement dans l'
empire romain d'
Occident, vers le milieu du
IVe siècle. Avant de la placer à la date d'une célébration solaire liée au
solstice d'hiver
[1], plusieurs dates furent proposées : 18 novembre, 6 janvier... Le 25 décembre marquait depuis
Aurélien (v.270) l'anniversaire du
Sol Invictus et de la renaissance annuelle de
Mithra[2]. Pour des raisons symboliques, et dans un souci de christianiser les anciennes
fêtes païennes, cette date fut progressivement étendue à tout l'Occident latin. Les
Églises orthodoxes, qui ont conservé le
calendrier julien, célèbrent Noël le
25 décembre de ce calendrier, ce qui correspond au 6 janvier du
calendrier grégorien. Seule l'
Église apostolique arménienne a conservé la date précise du 6 janvier comme jour de la fête de Noël
[3].
Constituant avec
Pâques une des grandes fêtes chrétiennes, Noël s'est progressivement chargé de traditions locales, mélanges d'innovations et de maintien de
folklore ancien, au point de présenter l'aspect d'une fête
profane populaire possédant de nombreuses variantes, dans le temps comme dans l'espace. L'association de la mémoire d'une naissance a facilité la place centrale prise par la famille dans le sens et le déroulement de cette fête. L'
Église catholique romaine insiste par exemple sur cet aspect depuis l'instauration en
1893 de la fête de la
Sainte Famille, le dimanche suivant le 25 décembre. Les cadeaux, sous forme d'étrennes, semblent être une réminiscence des cadeaux effectués lors des fêtes saturnales de décembre (strenae)
[4].
Le don est présent dans de nombreuses traditions, comme celle de servir un repas au premier pauvre croisé au jour de Noël, ou dans l'exceptionnelle générosité des aumônes accordées aux mendiants à la sortie de l'office célébré durant la nuit de Noël. « La période de Noël, qui est très chargée cérémoniellement, possède une certaine intensité rituelle. Même si nous vivons fondamentalement dans une société marchande, il y a dans cet échange de cadeaux quelque chose qui est de l'ordre du don et qui est universel dans son principe: ils créent, maintiennent et consolident des liens ; ils constituent en quelque sorte une matrice du social
[5].»
La popularité de cette fête a fait que
Noël est devenu un
patronyme et un
prénom.
Étymologie
En
français, on considère classiquement
[6] que le mot
Noël (dont la première attestation écrite date de 1112) est issu par évolution
phonétique (
nael) et modification vocalique du
latin natalis (« relatif à la naissance, natal »). Le
o, remplaçant le
a de l'ancien français
nael, vient de la
dissimilation des deux
a de
natalis tandis que le
tréma (
1718) note la
diérèse[7].
La Nativité de Jésus-Christ
Traditionnellement, la fête de Noël est la
solennité de la
nativité de
Jésus-Christ, la fête commémorative
chrétienne de la naissance de
Jésus de Nazareth qui, d'après les
Évangiles selon Luc[8] et
selon Matthieu[9] serait né à
Bethléem. Les historiens hésitent pour leur part entre Bethléem et Nazareth sans qu'une des hypothèse parvienne à s'imposer
[10].
Seul l'
Évangile selon Luc raconte cette naissance
[11]. L'
Évangile selon Matthieu[12] ne fait que l'évoquer mais trace une généalogie à Jésus, tandis que les Évangiles
évangile selon Marc et celui
selon Jean[13] débutent le récit de sa vie par sa rencontre avec
Jean le Baptiste.
Selon Luc
L'
Évangile selon Luc raconte dans son chapitre II
[14] :
« 1En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre.2Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie.3Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville.4Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David,5afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte.6Pendant qu'ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva,7et elle enfanta son fils premier-né. Elle l'emmaillota, et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie.8Il y avait, dans cette même contrée, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux.9Et voici, un ange du Seigneur leur apparut, et la gloire du Seigneur resplendit autour d'eux. Ils furent saisis d'une grande frayeur.10Mais l'ange leur dit: Ne craignez point; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d'une grande joie:11c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur.12Et voici à quel signe vous le reconnaîtrez: vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une crèche.13Et soudain il se joignit à l'ange une multitude de l'armée céleste, louant Dieu et disant:14Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, Et paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée!15Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres: Allons jusqu'à Bethléhem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître.16Ils y allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche.17Après l'avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de ce petit enfant.18Tous ceux qui les entendirent furent dans l'étonnement de ce que leur disaient les bergers. »
Selon Matthieu
Dans l'
Évangile selon Matthieu[15], l'accent est mis sur la naissance miraculeuse de Jésus :
« 1. 18Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint Esprit, avant qu'ils eussent habité ensemble.19Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle.20Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient du Saint Esprit;21elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.22Tout cela arriva afin que s'accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète:23Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d'Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.24Joseph s'étant réveillé fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui.25Mais il ne la connut point jusqu'à ce qu'elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus.
2. 1Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem,2et dirent: Où est le roi des Juifs qui vient de naître? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer. »
Hérode le Grand meurt, selon les sources, en -4 ou -1 et qu'on lui attribue l'épisode
Massacre des Innocents[16] ce qui fait de lui le « candidat » le plus probable qui est mentionné dans ce passage. Cette présentation du massacre est une réactualisation de l'histoire de la persécution par Pharaon de Moïse, quoiqu'il s'appuie peut-être sur une base historique
[17].
Une date imprécise
Historiquement, ni l'année ni le jour de la naissance de Jésus de Nazareth ne sont connues. Les Évangiles ne donnent aucune précision quant à la date de sa naissance.
Les dates retenues concernant l'année de naissance de Jésus peuvent osciller entre
-9 et
-2[18]. Les Évangiles selon Matthieu et selon Luc la situent sous le règne d'
Hérode le Grand dont le long règne s'achève en
4 avant notre ère[19]. L'estimation généralement retenue par les historiens actuels va de
7[20] à
5 avant notre ère[21].
Il est paradoxal que Jésus de Nazareth puisse être né « avant Jésus Christ » : l'origine de l'
ère commune est en effet censée être la naissance du Christ. Mais ce
début de l'ère chrétienne (l'
Anno Domini), qui ne s'est imposé progressivement en Europe qu'à partir du I
er millénaire
[22], a été fixé d'après les travaux du moine
Denys le Petit réalisés au
VIe siècle, que l'on sait à présent être erronés
[23] et, si le calendrier historique a été précisé depuis, son origine conventionnelle n'a pas été modifiée.
Fixation de la fête
La naissance de Jésus (la
Nativité) est traditionnellement fêtée le
25 décembre, à Noël, mais cette date est entièrement conventionnelle, et n'a rien d'un « anniversaire ». Elle aurait été fixée dans l'Occident latin au
IVe siècle, possiblement en 354
[24], pour coïncider avec la fête romaine du
Sol Invictus[25], célébrée à cette date à l'instar de la naissance du dieu
Mithra, né un 25 décembre
[26]; le choix de cette fête permettait une assimilation de la venue du Christ - « Soleil de justice » - à la remontée du soleil après le
solstice d'hiver[27]. Avant cette date, la Nativité était fêtée le
6 janvier et l'est encore par la seule
Église apostolique arménienne, alors que l’Église catholique romaine y fête aujourd’hui l’
Épiphanie ou
Théophanie[28].
La fête de la naissance du Christ le 6 janvier, le jour de l'Épiphanie, pourrait trouver son origine au sein de certaines communautés chrétiennes d'Égypte au
IIIe siècle[29]. Il semble que les
basilidiens célébraient dès cette époque le baptême de Jésus à cette date
[30] qui se confondait déjà avec sa naissance
[31] mais la question reste débattue
[32].
Selon la tradition catholique, c'est le pape
Libère qui, en
354, aurait institué la fête de la Nativité à Rome le
25 décembre, date du
Natalis Invicti[33] ;
il aurait également codifié les premières célébrations[réf. nécessaire]. Beaucoup de dates étaient proposées pour la naissance du Messie et il est admis que la popularité des fêtes de Mithra au solstice d'hiver dans l'Empire romain ait joué un rôle dans le choix de la date
[34].
Les
Églises orthodoxes fêtent quant à elles Noël le
25 décembre du calendrier qu'elles suivent (
calendrier julien ou
grégorien) et le
baptême du
Christ le
6 janvier.
La tradition chrétienne de Noël s'inscrivant dans une démarche théologique, elle fête davantage l’
évènement de la naissance du Christ, plutôt qu'elle ne célèbre une date en particulier ; dans cette optique, l'exactitude et la correspondance des dates avec la réalité historique sont donc des éléments accessoires.
Aspect doctrinal
Dans le catholicisme
Dans une allocution du
16 décembre 2004,
Jean-Paul Jaeger,
évêque d'
Arras explique le choix d'une date proche du solstice d'hiver :
« Les évangélistes dont un sur quatre seulement propose un récit de la naissance de Jésus étaient bien incapables d’en situer la date exacte. Excellente pédagogue, l’Église, en Occident, a fixé en 353 la célébration de Noël au moment de la fête païenne du solstice d’hiver. Le signe est magnifique. Les rayons du soleil sont au plus bas de leur déclin. Progressivement le jour va s’imposer à la nuit. La lumière va triompher. Le Christ naissant est alors loué et accueilli comme la lumière qui brille dans les ténèbres, comme le jour qui se lève sur l’humanité engourdie et endormie. Il est le jour nouveau qui pointe à minuit. »
Cette
métaphore du Christ identifié à une lumière nouvelle qui va éclairer le monde est déjà présente dans l'
évangile selon Jean (8:12). Elle est reprise fréquemment dans les
homélies du temps de Noël, par exemple celle du pape
Benoît XVI à l'occasion de Noël 2007
[35] :
« Dans l’étable de Bethléem, le ciel et la terre se rejoignent. Le ciel est venu sur la terre. C’est pourquoi, de là émane une lumière pour tous les temps; c’est pourquoi, là s’allume la joie. »
Un jour aux origines antiques
Aucun texte chrétien ne précise quel jour dans l'année est né Jésus-Christ. Noël ne fait pas partie des fêtes suivies par les premiers chrétiens, et ne figure pas dans les listes publiées par
Irénée de Lyon et
Tertullien[36]. Au
IVe siècle, la date du 25 décembre a été choisie comme date pour la fête de Noël, principalement dans le but de la substituer aux fêtes païennes qui étaient d'usage à l'époque, comme
la fête de la renaissance du Soleil Invaincu, le solstice d'hiver, ainsi que
les Saturnales romaines qui avaient toutes deux lieu à la période du 25 décembre.
[37]
Avant la célébration chrétienne
Bien avant l'apparition du
christianisme, l'époque du
solstice d'hiver était déjà une période charnière de l'année, qui regroupait de nombreuses
croyances païennes relatives à la fertilité,
maternité, la procréation et à l'astronomie. Elle donnait donc lieu à de nombreuses manifestations. Ces traditions antiques ont de nombreux points de similitude avec la fête chrétienne.
Antiquité proche-orientale
Dans le
culte mithraïque, la fête la plus importante - le
Mithragan - se déroulait chaque année le jour du
Solstice d'hiver, jour célébrant de naissance de la divinité et la victoire de la lumière sur les ténèbres
[38].
Selon une tradition mithraïque née en Asie mineure, Mithra serait né « jaillissant du rocher » (
petrogène) ou d'une grotte - élément éminemment lié au culte de cette divinité - tandis que des bergers assistent à cette naissance miraculeuse
[39] dans une récit qui influencera ceux de la naissance de Jésus pour l'adapter aux thèmes païens
[40]. Il est possible qu'une tradition plus ancienne, d'origine mithraïque et
mazdéenne, présentant la mère de Mithra -
Anahita (ou
Anahid) - comme vierge
[41] ait également influencé les premiers auteurs chrétiens.
Dans les célébrations du culte mithraïque fortement développé dans l'empire gréco-romain aux
IIIe et
IVe siècles, le 25 décembre correspondait à la célébration du
Natalis Invicti, la naissance du
soleil invaincu qui reprend ses forces et fait regagner le jour sur la nuit.
[42].
Dans le
Judaïsme, la fête de
Hanoucca, qui commémore la réinauguration du
Temple de Jérusalem profané par les
Grecs anciens, a été fixée au 25 du neuvième mois
lunaire, nommé
Kislev, (
calendrier hébreu) au voisinage du
solstice d'hiver. Le premier Livre des
Macchabées insiste sur l'importance de cette date et de cette célébration. Les traditionnelles représentations de la
Vierge à l'Enfant puisent quant à elles leurs origines dans les représentations de la
déesse d'origine égyptienne Isis allaitant
Horus enfant
[43].
À Rome
Saturnales
Dans la
Rome antique, les citoyens fêtaient les
Saturnales : d'abord du
17 au
21 décembre, puis plus tard du 17 au
24 décembre, les hommes et les femmes portaient des
guirlandes autour du cou et s'offraient toutes sortes de cadeaux. Les gens
sacrifiaient aussi
symboliquement un mannequin représentant un jeune homme, pensant ainsi transmettre la
vitalité du personnage à la nouvelle année.
Il est à noter que la fixation à la date du 25 décembre du
Solstice d'hiver est due à une erreur commise par l'astronome
Sosigène, lors de la réforme du calendrier à l'initiative de
Jules César en
46 avant J.-C., qui fixa les débuts des saisons avec un retard de un ou deux jours par rapport à la réalité
[44].
La
fête des sigillaires, « ancêtre » de la
Saint Sylvestre, concluait les festivités à la fin du mois de décembre. Pendant ce temps de bascule vers l'an neuf, les gens s'offraient des menus-cadeaux de terre cuite, les
esclaves devenaient les maîtres et inversement.
Sol Invictus
À partir du règne d'
Aurélien (
270-
275), les Romains fêtent officiellement le
Sol Invictus (Soleil invaincu) au moment du
solstice d'hiver qui commençait la
nouvelle année, annoncée par le rallongement des jours. Ce culte reprend des aspects de la mythologie d'
Apollon et du culte de
Mithra, s'est répandu aux
IVe et
IIIe siècles av. J.-C. et se concluait par le
sacrifice d'un taureau, le
Sol Invictus correspondant à la naissance du jeune dieu
solaire, qui, reprenant les traditions mithraïques, était censé surgir d'un rocher ou d'une grotte sous la forme d'un enfant nouveau-né.
Autres traditions
Chez les
Celtes, on évoquait le
dieu Gargan, un bon géant portant une hotte remplie de cadeaux et
décore déjà un arbre, symbole de vie au moment du solstice d'hiver[réf. nécessaire]. Il inspira le «
Gargantua » de
François Rabelais.
Chez les Vikings, un homme habillé d'une grande cape censé représenter Odin le dieu scandinave de la guerre et souverain des divinités nordiques, visitait les maisons afin de demander si tout allait bien et d'offrir des friandises aux enfants sages[réf. nécessaire].
En Norvège, au Xe siècle, le roi Håkon Ier de Norvège aurait décidé que la fête du Midtvintersblot (fête du milieu de l'hiver, où le lutin Julenisse distribuait des cadeaux) serait fêtée en même temps que le Noël chrétien[réf. nécessaire].
La célébration de Noël
Les premiers
chrétiens ne fêtaient donc pas la naissance de Jésus-Christ comme le font les
chrétiens d'aujourd'hui. Théologiquement, la royauté du Christ n'étant pas de ce monde, certains comme
Origène (milieu du
IIIe siècle) refusent de célébrer cette naissance ainsi qu'on le faisait à l'époque pour un souverain temporel (roi, empereur, pharaon, reine).
Il aura fallu attendre plus de trois siècles et demi pour que Noël devienne une fête religieuse officielle et encore deux siècles pour que cette fête soit généralisée.
Le début de l'ère chrétienne
Pendant près de trois siècles, les chrétiens ne semblent pas avoir célébré d'autre fête annuelle que Pâques. Progressivement va apparaitre le désir d'historiciser la naissance de Jésus-Christ. C'est à partir du
IVe siècle, une fête de la conception et de la naissance de Jésus-Christ, traduites par l'
Épiphanie et Noël, va prendre place à côté des fêtes plus anciennes de
Pâques et de la
Pentecôte dans le calendrier liturgique chrétien en composition
[45].
Attestée à Rome, sous le pontificat de l'évêque
Libère, une fête de l'
incarnation du Sauveur se déroule le 25 décembre
[46] à l'occasion de laquelle l'évêque rassemble les chrétiens dans la basilique nouvellement construite au Vatican, achevée en
354, dans un cadre plus général qui apparaît comme celui de la constitution d'un calendrier liturgique destiné à concurrencer, à Rome, les réjouissances païennes
[47].
Le
25 décembre devient ainsi la date où l'on commémore la naissance de
Jésus-Christ puis les célébrations du temps de la nativité vont progressivement s'étendre, à l'instar du cycle pascal, avec une période de préparation de deux à quatre semaines — l'
Avent —, puis une période qui se poursuit jusqu'à la conclusion du cycle avec la célébration de la
présentation de Jésus au Temple qui prend place le
2 février à la
Chandeleur.
N'ayant pas de correspondance avec le calendrier hébraïque, à la différence des deux autres fêtes qui suivent ainsi le calendrier lunaire, la célébration de la naissance de Jésus-Christ suivra le calendrier solaire, ce qui ne sera pas sans poser de problèmes dans la détermination de l'année liturgique
[48].
Cette commémoration se répand progressivement en Gaule et en Orient
[49].
Au Moyen Âge
- En 425, l'empereur d'Orient Théodose II codifie officiellement les cérémonies de la fête de Noël.
- Clovis est baptisé le soir de Noël d'une année comprise entre 496 et 499.
- En 506, le concile d’Agde fait de Noël une fête d’obligation.
- En 529, l’empereur Justinien en fait un jour chômé.
- En 800, Charlemagne est couronné empereur par le pape le jour de Noël.
- En 856, le jour de Noël, couronnement d'Edmond le Martyr, roi d'Est-Anglie.
- En 1066, Guillaume le Conquérant est couronné roi d'Angleterre à l'abbaye de Westminster le jour de Noël.
Au
Ve siècle sous le pontificat de
Grégoire le Grand, la
messe de minuit se célèbre déjà. Au
VIIe siècle, l'usage s'établit à Rome de célébrer 3 messes : la
vigile au soir du 24 décembre, la messe de l'aurore et la messe du jour le 25 décembre. Les 40 jours qui précèdent Noël deviennent les « 40 jours de
saint Martin » en l'honneur de saint Martin de Tours
[50].
La fête de Noël continue progressivement à se répandre en Europe : fin du
Ve siècle en Irlande, au
VIIe siècle en Angleterre, au
VIIIe siècle en Allemagne, au
IXe siècle dans les
pays scandinaves, aux
IXe et
Xe siècles dans les
pays slaves.
Aux alentours de l'
an Mil, l'Église s'appuie sur l'importance du temps de Noël pour imposer aux seigneurs belliqueux une période de paix forcée, la
Trêve de Dieu.
À partir du
XIIe siècle, la célébration religieuse est accompagnée de drames liturgiques, les
mystères qui mettent en scène l'adoration des bergers ou la procession des mages. Ces drames liturgiques se jouent primitivement dans les églises, puis gagnent les parvis.
À partir de la Renaissance
Au
XVe siècle, les
crèches apparaissent dans les églises, d'abord en Italie puis se répandent dans les foyers au
XVIIe siècle.
Dans les pays
réformés, les célébrations de Noël, fête jugée trop païenne ou trop catholique
[51], sont limitées. Interdites en Angleterre à partir de 1647, elles sont rétablies en 1660 mais restent mal vues de la majorité du clergé anglais. En Amérique du Nord à
Boston, les
premiers colons interdisent les célébrations de Noël. L'interdit sera levé en 1681.
En 1893, l'Église catholique enrichit le temps de Noël en instaurant la fête de la
Sainte Famille le dimanche qui suit immédiatement Noël.
Fixation de la date
Quand
Jules César créa le
calendrier julien, le
solstice d'
hiver fut fixé au
25 décembre. Mais la légère erreur du calendrier julien fit progressivement avancer solstices et équinoxes : au moment du
Ier concile de Nicée de
325, le
solstice tombait le
21 décembre, mais la Fête de la
Nativité fut maintenue au
25 décembre, 9 mois après l'
Incarnation, le
25 mars. En
354, le
25 décembre devint ainsi la date où l'on commémorait la naissance de
Jésus Christ, le
1er janvier, 8 jours après la
Nativité, la date de la
Circoncision et le
2 février, 40 jours après Noël, celle de la
Purification de la
Vierge Marie (
Chandeleur). En
1582, le
calendrier grégorien remit le solstice, qui avait continué d'avancer jusqu'au
11 décembre, au
21 décembre, pour respecter les décisions du concile de Nicée et la réalité des saisons.
En
1582, où
Pâques tombe un
11 mars, le pape
Grégoire XIII décide de corriger le
calendrier julien et le remplace par le
calendrier grégorien, plus précis : il supprime les
années bissextiles en trop, remet
Pâques à l'
équinoxe de printemps, retire les jours entre le
4 et le
15 octobre 1582, mais ne veut pas corriger Noël, qui tombe alors un
25 décembre, conformément au concile, mais contrairement à la
fête païenne romaine.
Symboles contemporains et traditions en usage
Dans les sociétés occidentales, il existe plusieurs
symboles et traditions de Noël.
Symboles chrétiens
L'Avent
L'
Avent est la période
liturgique qui englobe les quatre dimanches qui précèdent Noël. Traditionnellement, les
chrétiens allument une bougie le premier dimanche, puis une de plus chaque dimanche suivant, symboles de la lumière qui va renaitre le soir de Noël. Ces bougies sont souvent réunies sur un même support, le plus courant ayant une forme de couronne sur laquelle se répartissent les bougies.
De cette période est née la tradition du calendrier de l'
Avent : cela consiste, dans une grande planche en carton prédécoupée, à ouvrir des petites fenêtres, une par jour depuis le 1
er décembre jusqu'à Noël (24 jours). Chaque fenêtre contient une phrase de l'
Évangile (version chrétienne), ou une petite confiserie (version païenne).
La messe de minuit et les messes de Noël
La
messe de minuit, le
24 décembre au soir, célèbre la
Nativité de Jésus. Traditionnellement elle commençait à
minuit ; aujourd'hui elle a lieu de plus en plus souvent en début de soirée.
Dans le
calendrier liturgique catholique, c'est un cycle de quatre messes qui est prévu pour Noël, les
messes de Noël, la
messe de minuit est la deuxième.
La crèche
C'est une mise en scène de la naissance de Jésus telle qu'elle est présentée dans le
Nouveau Testament : sur une table, ou à même le sol, on bâtit une étable miniature dans laquelle on dispose des personnages (en
terre cuite souvent) représentant les parents de Jésus et les
bergers réunis autour du nouveau-né. La première crèche aurait été réalisée par
François d'Assise en
1223 à
Greccio, en
Italie ; il s'agissait alors d'une crèche vivante, c'est-à-dire avec des personnages réels. Depuis le
XVIIIe siècle, la tradition de la
crèche s'est perpétuée dans tout le monde catholique, et particulièrement en
Provence où des personnages nouveaux ont été ajoutés, les
santons, qui représentent les métiers traditionnels ou des scènes de la vie quotidienne de la région. Les
rois mages Gaspard, Melchior et Balthazar, trois érudits de l'époque de Jésus, sont représentés en route vers cette même étable, mais on ne célèbre leur arrivée qu'à l'
Épiphanie.
Traditions et symboles profanes
La veillée de Noël
Repas de Noël en Europe du nord au début du
XXe siècle dans une famille aisée.
La soirée du
24 décembre qui, pour les catholiques, est coupée par la
messe de minuit, est dans la très grande majorité des cas, passée en
famille. Au
Japon, les couples fêtent généralement Noël sous la forme d'une soirée romantique au restaurant, ou à la maison en famille pour ceux qui ont de jeunes enfants
[52].
Le repas de Noël, avec la
dinde de Noël et la
bûche de Noël, en est le repas festif. La bûche de Noël est un dessert en forme de petite bûche ; souvent c'est un gâteau roulé recouvert de
crème au chocolat, parfois il s'agit d'une
glace. Cette bûche rappelle la tradition ancienne de mettre dans le feu une grosse bûche au début de la veillée ; celle-ci ayant été choisie pour sa taille et sa qualité, car elle devait brûler pendant toute la veillée.
Le Père Noël
Chargé d'apporter des cadeaux. Il est représenté comme un vieil homme pourvu d'une longue barbe blanche et d'une houppelande rouge. Cette image est accompagnée de tout un
folklore :
traîneau volant tiré par des rennes, lettre de demande de cadeaux à son intention, son sac rempli de jouets, etc.
Personnage d'invention anglo-saxonne au
XIXe siècle, on trouve la première mention du « père Noël » en français en
1855 [53]. Une de ses premières représentations date de
1868, dessinée par Thomas Nast pour
Harper's Weekly [54]. À l'origine le personnage est habillé soit en vert soit en rouge au gré de la fantaisie des illustrateurs.
S'il est inspiré du
saint Nicolas chrétien, notamment par ses habits, on peut aussi l'assimiler à
Julenisse, un
lutin scandinave qui avait la même fonction à la fête de la mi-hiver,
jul, en
norvégien, (ou «
Jol » ou «
Midtvintersblot » correspond au solstice d'hiver) et aidait aux travaux de la
ferme.
Les cadeaux de Noël
Couverture d'un catalogue offrant des cadeaux de Noël (1904).
Les
présents s'échangent le jour de Noël avec les personnes réunies sous le même toit, et dans les jours qui suivent avec la
famille et les
amis proches. Ces cadeaux sont bien emballés dans des papiers aux motifs colorés. Ils sont ouverts le matin de Noël, ou parfois à la fin de la veillée de Noël. Pour les enfants, ces cadeaux sont essentiellement des jouets, et Noël est la période où les marchands de jouets réalisent l'essentiel de leurs ventes.
Pour les chrétiens, ces cadeaux font référence aux cadeaux offerts à l'enfant Jésus par les rois mages : l'or, l'encens et la myrrhe. La tradition de faire des cadeaux se maintient hors de tout contexte chrétien. Gérald Berthoud, professeur d'anthropologie culturelle et sociale à l'Université de Lausanne, l'explique ainsi
[55] :
« La période de Noël, qui est très chargée cérémoniellement, possède une certaine intensité rituelle. Même si nous vivons fondamentalement dans une société marchande, il y a dans cet échange de cadeaux quelque chose qui est de l'ordre du don et qui est universel dans son principe: ils créent, maintiennent et consolident des liens ; ils constituent en quelque sorte une matrice du social. »
Les décorations de Noël
Présentes, aussi bien à l'intérieur des habitations que dans les rues, elles donnent un air de fête. Elles sont souvent lumineuses pour pouvoir être allumées dès la nuit tombée.
Le
sapin de Noël, toujours présent à l'intérieur des habitations, est chargé de décorer et de regrouper les cadeaux de Noël dans les familles. Le premier arbre de Noël serait apparu en
Alsace en
1521 [56]. Certains auteurs font le rapprochement avec les mystères, pièces de théâtre jouées dans les églises ou sur les parvis : au temps de Noël, on représentait les récits bibliques de la Création du monde, et un sapin figurait l'arbre de vie planté au milieu du paradis terrestre. Cet arbre était décoré d'
oblatas (offrandes, petites friandises figurant les hosties), et de pommes représentant le fruit défendu, objet du premier péché.
Cependant, la tradition d'un arbre décoré est beaucoup plus ancienne puisque les
Celtes décoraient déjà un
arbre,
symbole de vie au moment du solstice d'hiver
[57]. Les
Scandinaves faisaient de même pour la
fête de Jul, qui avait lieu à peu près à la même date que Noël. L'installation de cet arbre sera d'ailleurs considérée comme une pratique païenne jusqu'au milieu du
XXe siècle par l'
Église catholique. Au contraire, les
protestants l'adopteront dès la
Réforme de
1560 comme symbole de l'arbre du
paradis. Interdit en
URSS dans le cadre de la politique antireligieuse d'État, le sapin de Noël est à nouveau autorisé par
Joseph Staline à partir de
1934, mais à condition d'être dressé désormais pour célébrer le
Nouvel An.
Les marchés de Noël
Marché de Noël à Düsseldorf.
Le
marché de Noël se compose d'échoppes habituellement en bois et construites pour l'occasion, qui proposent des petits articles de décoration, des jouets et des cadeaux souvent
artisanaux. En
France, la
tradition des marchés de Noël, vivante dans l'Est (
Alsace), s'est répandue dans le reste du pays au cours des
années 1990. Les marchés de Noël s'étendent généralement de fin novembre à fin décembre.
Aspects sociologiques et économiques
Les changements culturels
Avec la
mondialisation des échanges
culturels et la
laïcisation de la société, les festivités liées à Noël prennent progressivement un caractère
profane et familial et sont de plus en plus déconnectées de l'interprétation
religieuse.
Noël redevient donc, pour certains, une fête païenne où, généralement, des membres d'une même famille se retrouvent et s'échangent des cadeaux entre eux selon un rituel assez universel : décoration de son habitation et de l'arbre de Noël (
sapin dans les pays froids ou tempérés) ; installation le soir du
24 décembre pour le
réveillon de Noël des chaussures de tous les membres de la famille au pied de l'arbre ; ouverture des cadeaux quelques heures après, souvent le matin du
25 décembre ; repas constitué d'une
dinde de Noël et se terminant par une
bûche de Noël ; etc. Ce rituel se retrouve également à l'échelle d'une population locale avec la décoration des rues et vitrines de magasin des villes et villages dès le début du mois de décembre, la venue du
père Noël sur les marchés ou dans les écoles maternelles, ou en janvier par la
galette des Rois, qui fête l'arrivée des
rois mages auprès de l'enfant
Jésus.
Ces traditions sont très largement admises et partagées par la majorité des chrétiens pratiquants qui personnalisent leur fête religieuse par l'ajout d'une
crèche et, pour les catholiques, la célébration de la
Nativité pendant la
messe de minuit ; quelques-uns y voient cependant un détournement de la fête de Noël. Déchristianisé, ce jour devient, pour certaines familles, la fête où les parents célèbrent leurs enfants : ils manifestent leur amour par des cadeaux
sans raison (contrairement aux anniversaires, fêtes individuelles, etc.)
[58].
D'autres grandes
religions connaissent des fêtes où les parents remercient leurs
enfants d'exister (par exemple
Pourim dans la tradition
juive). Mais les instances catholiques expriment depuis longtemps leur désapprobation devant la tournure
mercantile que prend cette fête
[59]. Exceptionnellement cette désapprobation a pu prendre des aspects pour le moins spectaculaires, comme le
23 décembre 1951 où une effigie représentant le père Noël fut brûlée sur le parvis de la cathédrale de Dijon par des paroissiens. On vit alors les forces de
gauche mener des manifestations de défense du vieux bonhomme, pourtant symbole de la société de consommation et génie du
marketing événementiel
[60].
Plusieurs Églises chrétiennes protestantes ne fêtent pas Noël, l'assimilant à une fête païenne
[61].
L'achat massif de
cadeaux de Noël a pour effet un pic dans la
consommation, notamment sur les secteurs du jouet, du loisir et de la
restauration.
En réponse à cette
frénésie d'
achats, une
journée mondiale sans achat, programmée le plus souvent le
25 novembre, est organisée par les
adbusters afin de dénoncer l'aspect
économique de cette fête, et par extension la
consommation de masse en général.
Les animations de Noël
Les animations de Noël sont nombreuses et variées. Certaines sont plus symboliques et récurrentes que d'autres. On peut distinguer les
arbres de Noël, les
spectacles de Noël et les
marchés de Noël. Toutes ont pour objectif premier d'apporter le rêve et la magie associée à Noël, en partie pour les enfants.
Les arbres de Noël
On distingue deux types d'arbres de Noël : Les arbres de Noël privés (généralement internes aux entreprises) et les arbres de Noël publics. Les
arbres de Noël privés sont généralement composés de
spectacles, et d'animations mettant en scène des protagonistes déguisés : Des
lutins de Noël, la
mère Noël, le
Père Noël... Les arbres de Noël publics sont différents : Un
sapin de Noël de grande taille à proximité d'un
marché de Noël avec, parfois, un
Père Noël qui accepte de poser pour des photos.
Les spectacles de Noël
Les
spectacles de Noël sont souvent privés. Pour les comités d'entreprise quelques semaines avant
Noël ou tout simplement pour le grand public. Le principe étant de donner du rêve aux enfants, sur la thématique de
Noël, en leur racontant des histoires grandeur nature, en distribuant des papillotes; Les personnages animant cet évènement étant déguisés.
Les marchés de Noël
Les marchés de
Noël, historiquement, présentent des produits artisanaux dédiés à
Noël. Ce type de manifestation perdure dans le temps même si la nature des produits a tendance à devenir de plus en plus industrielle. Les places des
marchés de Noël pour les exposants étant devenues coûteuses, les plus créatifs d'entre eux ne peuvent plus exposer leurs produits comme dans le passé.
« Noël » comme nom de famille et prénom
Il est difficile d'attester du moment où « Noël » devient un
nom de famille, mais on en trouve trace dès le Moyen-Âge. En plus des noms issus de la forme française de ce mot, il faut ajouter les noms issus de diverses langues parlées localement (par exemple
Nadal ou
Nadau dans les langues d'
oc,
Nedeleg en breton) qui sont aussi à l'origine de noms de famille. Quelques exemples :