Acteur historique de la démocratisation du pays, l’Église catholique reste aujourd’hui très engagée dans le domaine social
Le 28e dimanche des Droits de l’Homme, célébré le 5 décembre en Corée du Sud, a été l’occasion pour l’Église catholique de s’en prendre de front aux politiques menées par Lee Myung-bak, le président du parti conservateur élu fin 2007. La commission Justice et Paix de la Conférence des évêques catholiques de Corée, par l’intermédiaire de son président Mgr Boniface Choi Ki-san, évêque d’Incheon, a dénoncé une politique «au service des riches et des puissants, conduite au détriment des pauvres».
Un véritable coup-de-poing sur la table. La commission épiscopale conteste « les projets de développement menés à marche forcée qui se traduisent systématiquement par l’expulsion de citoyens économiquement défavorisés ». Elle dénonce en particulier les expulsions du quartier de Yongsan, à Séoul, où des affrontements très violents entre habitants et police avaient fait six morts en janvier dernier.

«Si nous estimons que la dignité humaine est bafouée, alors nous devons intervenir»

Des reproches révélateurs du rôle joué aujourd’hui par l’Église catholique en Corée. Actrice historique majeure du processus de démocratisation du pays, elle s’était ensuite mise progressivement en retrait, jusqu’à ce que le durcissement de la politique de Lee Myung-bak ne change la situation.
« Nous ne souhaitons pas intervenir directement sur la scène politique, ce n’est pas notre rôle, précise le P. Park. Mais si nous voyons un problème moral dans des choix politiques, et si nous estimons que la dignité humaine est bafouée, alors nous devons intervenir. »

«L'Église touche un nombre considérable de personnes»

Plus généralement, si l’Église parvient à faire entendre sa voix au-delà de la communauté catholique (5 millions de Sud-Coréens, soit 10% de la population), c’est grâce à la légitimité acquise lors de la lutte contre les dictatures, mais aussi « grâce aux nombreuses actions sociales menées par les catholiques sur le terrain », estime le P. Michel Roncin, prêtre des Missions étrangères de Paris, qui vit en Corée depuis plus de trente ans. Une aide discrète, sans publicité : « L’Église est très présente dans les quartiers, auprès des pauvres de chaque secteur. Elle touche un nombre considérable de personnes », précise le P. Michel.
Les exemples ne manquent pas. La clinique Raphaël, au nord de Séoul, accueille en consultation gratuite les immigrés qui affluent toujours plus nombreux en Corée. Fondée par des catholiques, docteurs d’université qui ont réussi à mobiliser leurs étudiants, la clinique est soutenue par l’Église et ouvre tous les dimanches.

Saisir en profondeur les problèmes qui agitent la société

Au sud de Séoul, le bidonville de Guryonsan est l’un des derniers de la capitale. 1 200 familles s’y entassent, dans des conditions insalubres et sous la menace de futures expulsions. Deux religieuses ont choisi de venir vivre parmi ces exclus et y donnent des cours de soutien scolaire aux enfants, une aide capitale dans un pays où la réussite sociale passe avant tout par la réussite scolaire.
Aide aux plus défavorisés, aux prisonniers, aux opprimés : ces actions ne sont que quelques exemples parmi toutes celles qui permettent aux catholiques coréens de saisir en profondeur les problèmes qui agitent leur société, et de hausser le ton lorsqu’ils estiment que c’est nécessaire.
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